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Les contradictions criminelles de Macron, Merz…

L’Union européenne approuve l’attaque d’Israël contre Gaza

PAR
DANIEL FINN pour Jacobin.

Les dirigeants européens prétendent être les champions de l’ordre international libéral que Donald Trump répudie. Mais ils s’alignent sur Trump pour soutenir la reprise de l’assaut meurtrier d’Israël contre les civils palestiniens.

Depuis que Donald Trump a brusquement changé la politique américaine à l’égard de l’Ukraine, on parle beaucoup de la nécessité pour les pays européens de monter au créneau et de défendre l’ordre international libéral. Des hommes politiques comme le Français Emmanuel Macron et l’Allemand Friedrich Merz ont utilisé cet argumentaire pour justifier une augmentation massive des dépenses militaires des États européens.

Cependant, lorsqu’il s’agit de l’assaut renouvelé d’Israël contre la population de Gaza, on ne pourrait pas faire tenir un mouchoir bleu et jaune entre les positions des États-Unis et de l’Union européenne (UE).
Le Conseil européen de jeudi, qui réunit les premiers ministres de tous les États membres de l’UE, a publié la déclarationsuivante :

Le Conseil européen déplore la rupture du cessez-le-feu à Gaza, qui a fait un grand nombre de victimes civiles lors des récentes frappes aériennes. Il déplore le refus du Hamas de remettre les otages restants. Le Conseil européen appelle à un retour immédiat à la mise en œuvre intégrale de l’accord de cessez-le-feu et de libération des otages.

Eve Geddie, d’Amnesty International , a décrit ce communiqué comme « une nouvelle tentative honteuse de justifier le génocide et les crimes de guerre d’Israël contre les Palestiniens. » Comme l’a souligné Geddie, le communiqué ne nomme même pas Israël, et le condamne encore moins pour avoir tué des centaines de personnes avec des frappes aériennes conçues pour cibler des civils pendant leur repas du ramadan avant l’aube.

« Dévastation totale

Selon le Conseil européen, c’est « la rupture du cessez-le-feu à Gaza » qui a tué ces personnes, et non les bombes et les missiles israéliens qui les ont réduites en pièces. Bien que le Conseil n’ait pas dit directement qui était responsable de cette rupture, la phrase qui a suivi, déplorant « le refus du Hamas de remettre les otages restants », a montré très clairement où se situait le blâme. L’organe le plus important de l’UE n’a rien trouvé à déplorer dans la conduite d’Israël au cours des derniers jours.

Netanyahou a refusé d’entamer la deuxième phase de l’accord de cessez-le-feu parce que cela signifierait un arrêt définitif de sa campagne de massacres.

En réalité, comme le savent tous les dirigeants européens qui ont approuvé cette déclaration, c’est Israël qui a rompu unilatéralement le cessez-le-feu après avoir tenté de modifier les termes de l’accord qu’il avait signé en janvier. Si le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu voulait obtenir la libération des otages israéliens qui se trouvent toujours à Gaza, il n’avait qu’à respecter les engagements qu’il avait pris il y a deux mois.

Netanyahou a refusé de passer à la deuxième étape de l’accord de cessez-le-feu parce que cela signifierait un arrêt définitif de sa campagne de massacres. La reprise du massacre des civils palestiniens a satisfait ses partenaires de la coalition d’extrême droite et détourné l’attention de sa purge de l’armée et des services de renseignement israéliens.
La déclaration du Conseil européen est d’autant plus honteuse qu’elle a été publiée après le message à glacer le sang que le ministre de la défense de Netanyahou, Israël Katz, a adressé à la population civile de Gaza, ne laissant aucune place à l’incompréhension :

Résidents de Gaza, ceci est votre dernier avertissement. Le premier Sinwar a détruit Gaza, et le second Sinwar entraînera sa ruine totale. L’attaque de l’armée de l’air israélienne contre les terroristes du Hamas n’était que la première étape. Ce qui suivra sera bien plus dur, et vous en supporterez tous les coûts. L’évacuation de la population des zones de combat reprendra bientôt.
Si tous les otages israéliens ne sont pas libérés et que le Hamas n’est pas chassé de Gaza, Israël agira avec une force que tu n’as encore jamais connue. Suis le conseil du président américain : rends les otages et chasse le Hamas, et de nouvelles options s’ouvriront à toi – y compris la relocalisation dans d’autres parties du monde pour ceux qui le souhaitent. L’alternative est la destruction et la dévastation totale.

Impunité pour les crimes de guerre

La déclaration de Katz a fourni des éléments supplémentaires aux juges et aux avocats qui travaillent sur des affaires contre son gouvernement à la Cour internationale de justice (CIJ) et à la Cour pénale internationale (CPI). Israël et ses dirigeants sont actuellement jugés pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité, avec une montagne de preuves déjà accumulées.

Cela fait plus d’un an que la CIJ a émis une série d’ordonnances exigeant d’Israël qu’il protège la population de Gaza de la menace de génocide – ordonnances qu’il a violées de façon flagrante depuis le premier jour. Cela fait plus de quatre mois que la CPI a émis des mandats d’arrêt contre Netanyahu et son ancien ministre de la défense Yoav Gallant. Katz, qui a pris la place de Gallant lorsque Netanyahu l’a limogé, a fait plus que ce qu’il fallait pour mériter un mandat d’arrêt à son tour.
Contrairement aux États-Unis, tous les membres de l’Union européenne ont signé le Statut de Rome qui a institué la CPI. La Cour est basée aux Pays-Bas, l’un des États fondateurs de l’UE. António Costa et Ursula von der Leyen, respectivement présidents du Conseil européen et de la Commission européenne, ont publié le mois dernier des déclarations condamnant la décision de l’administration Trump d’imposer des sanctions à la CPI.
Cependant, alors qu’ils devraient condamner le déchaînement génocidaire d’Israël à Gaza, les responsables de l’UE agissent comme si le mandat d’arrêt contre Netanyahou n’existait tout simplement pas. Trois États européens – la France, l’Italie et la Grèce – ont même autorisé l’avion de Netanyahou à traverser leur espace aérien le mois dernier, alors qu’il se rendait aux États-Unis et en revenait. Quelques jours plus tard, la déclaration de von der Leyen sur la CPI affirmait que l’Europe serait « toujours en faveur de la justice et du respect du droit international. »
Il n’y a pas de différence, en termes pratiques, entre le fait de pester furieusement contre la CPI d’une part, et le fait de saluer du bout des lèvres son rôle tout en rejetant ses décisions d’ autre part. Sous un enrobage rhétorique, l’attitude de l’UE et de ses principaux États membres révèle le même mépris pour le droit international et la vie des civils palestiniens que l’administration Trump a affiché de façon si ostentatoire.

CONTRIBUTEURS

Daniel Finn est rédacteur en chef des rubriques à Jacobin. Il est l’auteur de One Man’s Terrorist : Une histoire politique de l’IRA.