International, Politique et Social

Le coup d’État trumpiste, le fascisme à l’américaine dans une ère de déclin capitaliste et quelques pistes de résistance.

Kevin B. Anderson

Ce qui nous attend à l’hiver 2025

Dans une véritable blitzkrieg, [NdT – offensive militaire visant à emporter une victoire décisive par un engagement localisé et limité dans le temps d’un puissant ensemble de forces] les fascistes trumpistes ont changé la société américaine et mondiale de manière irrévocable en quelques semaines.

Ils ont déjà mis en œuvre ce qui suit, sans réelle chance de renversement devant les tribunaux ou le Congrès dans l’immédiat, puisque ces actions semblent relever des « prérogatives » de la présidence impériale américaine :

* Lancement d’une vaste campagne de répression raciste et militarisée à l’encontre des migrant·es, qui ne manquera pas d’être renforcée. Ces mesures ont répandu une atmosphère de peur parmi des millions de personnes, alors que des milliers de membres de la classe ouvrière américaine sont emmenés et déportés à la chaîne. Ils ont également pris pour cible les réfugié·es d’Amérique latine, notamment d’Haïti et du Venezuela, les Ukrainien·nes étant également menacé·es.

* Libération de 1 500 fascistes endurcis ayant participé à la tentative de coup d’État du 6 janvier 2021.

* Retrait de l’Organisation mondiale de la santé et nomination de l’anti-vaccin Robert F. Kennedy Jr. au poste de secrétaire d’État à la santé et aux services sociaux. De toutes leurs mesures, ce sont celles qui coûteront le plus de vies, tant aux États-Unis qu’à l’étranger.

* Retrait de l’Accord de Paris sur le climat. Destruction de centaines de règles environnementales étasuniennes, garantissant ainsi l’escalade de la destruction de l’environnement. Avec le temps, cela pourrait être encore plus dommageable que leur atteinte à la santé publique.

* Élimination de toutes les règles fédérales soutenant ou autorisant les droits des transgenres.

* Elimination des milliers de règles fédérales soutenant la justice raciale ou de genre dans le cadre de leur attaque contre la diversité, l’équité et l’inclusion (DEI [NdT : Diversité, équité et inclusion – en anglais : Diversity, equity, and inclusion], dans certaines institutions DEIA, y compris les droits à l’« accessibilité » pour les personnes handicapées). De grandes entreprises comme Disney et General Motors et des organisations scientifiques comme la National Academy of Sciences se sont empressées d’éliminer la DEI par obéissance anticipée, sapant ainsi des décennies d’acquis durement gagnés.

* Adoption ou menace de tarifs douaniers punitifs à l’encontre de pays amis de longue date, à commencer par le Canada et le Mexique, sur fond d’affirmations démagogiques selon lesquelles ces mesures créeront des emplois chez nous. Il est clair que l’ère du capitalisme néolibéral de « libre-échange » est révolue.

* Engagement dans de nouveaux types d’impérialisme territorial, menaçant concrètement de s’emparer militairement du Groenland et du canal de Panama et, plus obscurément, d’absorber le Canada. L’invasion de l’Ukraine par Poutine a certainement constitué un précédent.

* Avec le plan de Trump visant à « retirer » toutes et tous les Palestiniens de Gaza, les États-Unis ont étendu et approfondi le génocide qu’ils ont soutenu au cours des 15 derniers mois, donnant à tout le moins le feu vert à Israël pour procéder à un nettoyage ethnique total et à la confiscation de terres dans la bande de Gaza.

* Retrait du soutien à la lutte de l’Ukraine contre l’impérialisme russe en faveur d’un règlement forcé démembrant le pays.

Les fascistes trumpistes ont également mis en œuvre des mesures supplémentaires, qui pourraient être annulées ou sérieusement modifiées devant les tribunaux ou par d’autres moyens, mais qui pourraient aussi ne pas l’être, d’autant plus qu’ils menacent de ne pas obéir aux décisions défavorables des tribunaux :

* Tentative d’abolition de la citoyenneté de naissance, [NDT : Droit du sol] un droit conquis pendant la guerre de Sécession par les soldats noirs et blancs de la libération au prix de 360 000 vies et inscrit dans le quatorzième amendement de la Constitution des États-Unis.

* Fermeture des agences gouvernementales telles que le Bureau de protection financière des consommateurs et l’Agence américaine pour le développement international, y compris les vastes programmes de santé publique mondiale de cette dernière.

* Prise le contrôle du système de réglementent fédéral, menace de licenciement en bloc des centaines de milliers de fonctionnaires, et licenciement des centaines de personnes soupçonnées de soutenir l’IED ou la justice raciale/de genre, ou simplement de ne pas se prosterner devant les fascistes Trumpistes et leurs sous-fifres.

Ce qui précède ne constitue que les actions les plus graves qui ont eu lieu au cours des premières semaines de l’administration Trump.

Chaque jour apporte un nouveau chaos et de nouvelles attaques contre l’ordre démocratique. Leur simple volume sème la confusion, ce qui est en fait un objectif trumpiste. Pour cette raison, il est important de garder à l’esprit les actions les plus sérieuses – par opposition aux pures distractions comme l’abolition du penny – ainsi que leur probabilité d’aller de l’avant sans entrave.

Un autre objectif des Trumpistes est d’entraver ou de démanteler les parties de l’appareil d’État qui servent réellement les besoins humains, même si c’est sous une forme aliénée.

Un autre objectif encore est de bloquer les mécanismes étatiques qui protègent les droits des personnes de couleur, des femmes, des transgenres et de la classe ouvrière.

Alors que ce qui reste des médias libéraux d’opposition, eux-mêmes capitalistes jusqu’à la moelle, ne met pas l’accent sur les droits des travailleurs et des travailleuses, celles-ci et ceux-ci, ayant ne serait-ce qu’un minimum de conscience de classe, peuvent reconnaître dans l’oligarque multimilliardaire Elon Musk et ses sous-fifres leurs propres patrons, en particulier les nouveaux qui arrivent en parlant de « réorganisation » ou, dans le langage de la Silicon Valley, en « cassant les choses ». Licencier des employé·es de longue date au pied levé, en menacer d’autres pour les faire démissionner, bouleverser la vie des travailleurs et des travailleuses en leur ordonnant de revenir soudainement sur le lieu de travail après des années de travail à distance ou hybride, même si cela perturbe la garde des enfants, les soins aux personnes âgées ou la simple dignité humaine, tout cela fait partie du cahier des charges. C’est comme si Musk était en train de prendre le contrôle d’une entreprise qu’il a l’intention d’essorer comme un chiffon.

À un autre niveau, ces purges – et c’est bien de cela qu’il s’agit – font écho à certains aspects des purges staliniennes et maoïstes du passé. Une caractéristique notable est l’humiliation publique d’anciens dirigeant·es, comme l’amirale Linda Fagan, commandante des garde-côtes, la seule femme à diriger une branche de service, qui a été renvoyée pour « focalisation excessive » sur l’IED dès le premier jour. Alors qu’elle disposait à l’origine d’un délai de soixante jours pour trouver un nouveau logement, Mme Fagan a été soudainement sommée, le 4 février, de quitter son domicile avec un préavis de trois heures, sans même avoir le temps de prendre ses effets personnels. Bien entendu, le fait d’écarter de tel·les dirigeant·es de l’appareil militaire et de les remplacer par des militaires d’obédience fasciste ou du moins plus réactionnaires, contribue également à la transition d’une armée quelque peu constitutionnelle à une armée fasciste fidèle au dirigeant. En outre, ce traitement des haut·es fonctionnaires vise à intimider la population dans son ensemble.

Mais l’injustice la plus aigüe est apparue jusqu’à présent dans les raids sur l’immigration. Interrogés sur la séparation des familles, la caractéristique la plus brutale de la première administration Trump, des fonctionnaires de Trump comme Stephen Miller ou Tom Homan déclarent avec une joie à peine étouffée qu’ils ne sépareront plus les familles. Au contraire, ils se contenteront d’expulser les enfants citoyens nés aux États-Unis avec leur famille. L’utilisation de Guantanamo Bay comme zone de détention, formulée par Trump lui-même, n’a aucun fondement rationnel en termes de logistique. Mais elle associe ces nouvelles détentions d’immigrant·es à la torture infligée aux terroristes du 11 septembre, ce que Trump non seulement approuve mais est fier d’avoir associé à ses rafles d’immigrant·es. Il s’agit d’une cruauté performative, pure et simple.

Comment en sommes-nous arrivés là ?


Le trumpisme a fait irruption sur la scène en 2015 et a connu des hauts et des bas depuis lors. Certes, il s’est développé sur le terreau du racisme et de l’esclavage aux États-Unis, comme en témoigne l’autoritarisme pur et dur fondé sur la terreur raciale qui a existé dans le Sud profond jusqu’aux lois sur les droits civiques et le droit de vote de 1964-1965. Ainsi, les États-Unis ont été une démocratie politique, même au sens formel du terme, non pas pendant 250 ans, mais pendant 60 ans, à l’exception de la période révolutionnaire de la Reconstruction, de 1865 à 1876. Depuis 1965, les forces conservatrices ont fait appel à un racisme voilé, à commencer par la « stratégie sudiste » de Richard Nixon, ce à quoi les libéraux centristes se sont souvent livrés, même s’ils « soutiennent notre police ». Ces dernières années, les réactionnaires ont réussi à restreindre le droit de vote dans de nombreux États.

Le trumpisme est également né d’un sexisme, d’une misogynie, d’un hétérosexisme et d’une transphobie profondément ancrés. Ceux-ci ont été alimentés pendant des années par une droite chrétienne grandissante qui s’est attaquée au droit à l’avortement et à d’autres progrès réalisés au cours des cinq dernières décennies.

Le trumpisme s’est également nourri de l’héritage de la répression politique aux États-Unis, en particulier de la chasse aux sorcières maccarthyste et des tentatives de Richard Nixon de créer un État ouvertement autoritaire avant d’être contraint de démissionner de la présidence en 1974.

Le trumpisme a poursuivi et approfondi l’assaut de la droite contre toute forme de protection de l’environnement, en conjonction avec les intérêts du secteur des combustibles fossiles tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.

Tous ces éléments sont des piliers de la politique réactionnaire de droite depuis les années 1970-1980, si ce n’est plus.

Qu’y a-t-il donc de nouveau dans le fascisme trumpiste ?


Tout d’abord, il est devenu un fascisme pur et dur en 2020-21. Il y est parvenu en approfondissant et en radicalisant tout ce qui précède, comme en témoigne notamment sa volonté de s’engager dans une tentative de coup d’État violent en janvier 2021. Il a ensuite réussi à obtenir l’assentiment – ou du moins le silence – de l’ensemble du Parti républicain à l’égard de cette tentative de coup d’État, ce qu’il a fait progressivement depuis 2021.

Deuxièmement, le trumpisme a alimenté et s’est ensuite développé à partir de la haine anti-immigrés, un phénomène moins important aux États-Unis qu’en Europe occidentale jusqu’à une période relativement récente. Il s’agit là d’un indicateur clé de la mesure dans laquelle le trumpisme a réussi à modifier l’opinion publique des élites et des masses.

Troisièmement, le trumpisme a adopté puis étendu toutes sortes de mesures anti-santé publique, à commencer par le mouvement anti-vaccins lors de l’épidémie du COVID-19, formulées en termes de liberté individuelle. Il s’agit d’un nouvel élément qui n’était même pas présent en 2015-16 et qui a amené de nouvelles couches de la population au trumpisme, alors même que sa propagande a élargi ces couches.

Quatrièmement, et c’est le plus important en termes électoraux, le protectionnisme trumpiste se traduit par des droits de douane et par la volonté de relancer la production de charbon et d’acier aux États-Unis. Ces mesures, combinées au nativisme anti-migrant·es, ont détourné des sections de la classe ouvrière et de la classe moyenne inférieure – y compris certain·es travailleurs et travailleuses noir·es et latino-américain·es – des syndicats et du Parti démocrate. Ces secteurs sont indignés par des décennies de stagnation économique sous le néolibéralisme et en particulier depuis la Grande Récession de 2008, dans laquelle les Démocrates comme les Républicains ont joué un rôle, à commencer par l’administration Clinton « Reagan light » des années 1990.

Cinquièmement, et plus récemment, le fascisme trumpiste de 2024-25 a conquis une partie beaucoup plus importante qu’auparavant des classes dominantes, en particulier les milliardaires de la technologie, comme l’illustre, sans s’y limiter, Musk. n outre, il a gagné au moins la neutralité des principales institutions libérales, du Washington Post et du Los Angeles Times à l’université de Harvard. Presque tous les organes de presse établis ont cessé d’utiliser le mot « fascisme », que nombre d’entre eux utilisaient avec une urgence croissante dans la période précédant l’élection de 2024.

Une sixième nouveauté est le ciblage de toutes celles et tous ceux qui s’y opposent, au Nord comme au Sud, et y compris celles et ceux qui se trouvent aux plus hauts niveaux de richesse et de statut, avec une rhétorique violente et des actions impétueuses qui font écho au maccarthysme ou, pire encore, à la loi du lynchage.

Beaucoup d’encre a coulé sur la façon dont le fascisme trumpiste a réussi à gagner une grande partie de la classe ouvrière blanche et, en 2024, de la population latino, en particulier les hommes. Pourtant, nous devons également examiner de plus près ce qui s’est passé avec les classes dominantes et leur glissement vers Trump.

Quels sont les facteurs clés ?

Premièrement, au niveau économique, les taux de profit stagnent ou diminuent depuis des décennies. Le mirage de la prospérité néolibérale s’est dissipé en 2008. Cela a conduit le capital à des efforts de plus en plus désespérés pour soutenir le taux de profit, mais en vain. Pourquoi ne pas essayer au moins le fascisme, surtout sous la forme totalement vénale et corrompue de Trump, où l’on peut piller les revenus de l’État et gagner quelque chose alors même que la société elle-même s’effondre ? La mentalité « après moi le déluge » de ces élites, qui est devenue plus répandue que jamais, a été bien saisie dans le film satirique de 2021, « Don’t Look Up ». Décidément, il ne s’agit pas d’un capitalisme confiant dans son ascension.

Deuxièmement, une nouvelle forme de masculinité toxique a pénétré les plus hauts niveaux de l’élite des entreprises. Là encore, Musk est le porte-drapeau, mais Mark Zuckerberg n’est pas loin avec sa description de la force de caractère de Trump après la tentative d’assassinat en Pennsylvanie, qu’il a qualifiée de « dur à cuire». Ceci est lié à une sorte d’hyper-individualisme qui s’oppose à la fois aux restrictions liées à la santé publique et aux initiatives DEI ou « Me Too » qui appellent à des changements de comportement personnel. Il ne faut pas oublier que ces mêmes élites ont accueilli Obama en 2008 et, dans de nombreux cas, ont soutenu des tentatives au moins modérées de réforme de la justice raciale/de genre dans le sillage du Mouvement pour la vie des Noir·es de 2020-21 et de Me Too. Ce qu’il faut retenir ici, c’est que ces personnes issues des couches supérieures de la classe capitaliste ont changé sous l’impact du fascisme trumpiste, autant, voire plus, que les sections des classes populaires et moyennes.

Un troisième élément qui a poussé certaines parties des classes dominantes vers Trump a été le génocide israélien à Gaza et les mouvements de protestation massifs dans le monde entier qu’il a déclenchés. Les politicien·es libéraux, les dirigeant·es d’universités et de fondations, ainsi que les médias libéraux ont tous eu tendance à se ranger du côté d’Israël, tout comme l’ont fait les fascistes trumpistes. Pendant ce temps, le Parti démocrate a été doublement perdant. Des sections de la jeunesse, des personnes de couleur et des intellectuel·les – sans parler des Américain·es arabes et musulman·es du Michigan – ont déserté la présidence de Biden, puis la campagne de Kamala Harris. Dans le même temps, les démocrates centristes qui dirigent le parti, parmi lesquel·les de nombreuses et nombreux membres des classes dominantes, ont vu que la base s’est retournée contre Israël, alors que les fascistes trumpistes ne l’ont pas fait. Cela aussi a été un facteur pour amener les membres de ces élites sinon au trumpisme, du moins dans le sens de la neutralité à son égard après l’élection. Cette dernière remarque s’applique davantage aux magnats des médias et aux dirigeants de fondations qu’aux hommes politiques en exercice.

Que faire ? Comment résister ? Comment lutter pour une nouvelle société humaniste au milieu de ce carnage ?


Tout d’abord, nous devons admettre qu’il s’agit d’une grande défaite pour nous. Il n’y aura pas d’éléments positifs pour la classe ouvrière, comme le proclament certains radicaux réductionnistes de classe tout en se joignant au mouvement contre l’IED.

Deuxièmement, nous devons évaluer quelles parties des classes dirigeantes, en particulier sous la pression de la gauche, de la rue, pourraient déclencher des éléments de division interne, condition préalable à un véritable changement. Il convient de noter que certains médias géants, comme le New York Times, ont plié mais n’ont pas encore cédé à la pression et continuent d’affirmer que c’est Trump contre la Constitution. C’est également le cas de certaines entreprises et de responsables universitaires, ainsi que de l’aile progressiste du Parti démocrate.

Troisièmement, l’Église noire (et les Églises protestantes libérales, plus petites mais toujours importantes) reste cruciale ici. Ce n’est donc pas une coïncidence si, le jour de l’investiture, la seule voix de protestation qui a pénétré au milieu du bruit du trumpisme a été celle de l’évêque Mariann Budde, qui a mis en garde contre l’oppression du peuple. Les Églises noires sont, comme toujours, déjà en mouvement, tout comme les organisations progressistes musulmanes, juives et autres organisations religieuses. L’Église catholique nous apportera également son soutien, comme le pape François vient de le faire pour les droits des immigré·es. Mais leur position altérée sur le genre et la sexualité ne peut être ignorée. Néanmoins, tout cela ouvrira au moins un espace pour la résistance au fascisme trumpiste.

Quatrièmement, et ici en s’éloignant des classes moyennes, sans parler des élites, une autre grande institution qui peut nous aider encore plus est le mouvement syndical, qui a déjà organisé des manifestations en soutien aux travailleurs et travailleuses du gouvernement fédéral. Bien qu’il reste encore beaucoup à faire sur ce front, ces actions constituent au moins un début. En outre, il convient de noter que les syndicats, ainsi que les organisations religieuses, dépendent principalement des cotisations de leurs propres membres, ce qui leur confère un certain degré d’indépendance par rapport à l’État, au capitalisme d’entreprise ou aux fondations libérales. Cela contraste avec les universités et autres institutions culturelles, qui ont déjà fait preuve de lâcheté face au lobby israélien et refusent jusqu’à présent d’affronter ouvertement le fascisme trumpiste. Cependant, les syndicats devront faire face à des éléments nocifs comme le dirigeant des Teamster, Sean O’Brien, sans parler de leurs bureaucraties vieillissantes qui, dans de nombreux cas, se limitent à soutenir des candidat·es politiques et devront être remplacées par une direction plus militante, comme cela s’est produit avec l’UAW.

Cinquièmement et surtout, la résistance doit venir de la rue, de la gauche et des mouvements de libération des Noirs et des Latinos, du mouvement syndical de base, du mouvement féministe et de libération des femmes, du mouvement LGBTQ, du mouvement écologiste et, surtout, de la jeunesse. Il n’est pas surprenant que ce soient des milliers de jeunes de la classe ouvrière latino-américaine, dont beaucoup étaient en âge d’aller au lycée, qui ont occupé le centre-ville de Los Angeles le 2 février et le lendemain, en tant qu’élément principal de la première véritable résistance dans les rues pour protester contre les déportations massives du fascisme trumpiste. Mais les syndicats et les plus grandes organisations de défense des droits des immigré·es doivent se manifester maintenant et ne pas attendre le 1er mai, date à laquelle les Latino et les groupes pro-immigré·es ont l’intention de lancer une série géante de grèves et de manifestations. Il convient également de noter qu’une résistance massive se produit dans les actions quotidiennes des personnes, qui refusent de coopérer avec l’ICE, qui reprennent les initiatives « connaissez vos droits », ralentissant les raids racistes sur les membres de la classe ouvrière que les criminels trumpistes osent qualifier d’« illégaux.» Ici, le mouvement de soutien à la Palestine, continu, durable et courageux, sera également un facteur clé.

Alors que les États-Unis sont confrontés à leur plus grande crise depuis des décennies, voire plus d’un siècle, nous devons également noter et apprendre de la façon dont, dans certaines parties du monde, notre mouvement va de l’avant. C’est le cas en Syrie, où, malgré les contradictions, une véritable ouverture politique se produit après un demi-siècle d’une dictature qui a obtenu, de manière déraisonnable, le soutien de la gauche campiste mondiale. C’est également le cas en Serbie, où un gouvernement nationaliste corrompu est soumis à une pression énorme de la part d’un mouvement étudiant qui persiste depuis plusieurs mois. C’est le cas au Sri Lanka, où un gouvernement de gauche pro-féministe a été élu. C’est également le cas en Allemagne, où des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue et ont bloqué, du moins pour l’instant, la normalisation politique de l’extrême droite.

Comme le suggèrent les remarques ci-dessus, nous avons besoin d’un réseau de gauche de résistance au fascisme trumpiste qui, tout en étant fermement anticapitaliste, évite les pièges du campisme et du réductionnisme de classe. Sous une telle bannière, nous pouvons rejoindre les mouvements de résistance plus larges tout en conservant notre indépendance politique, notamment notre combat pour une alternative humaniste au capitalisme.

Kevin B. Anderson, 16 février 2025

https://newpol.org/the-trumpist-coup-fascism-u-s-style-in-an-era-of-capitalist-decline-and-some-loci-of-resistance/
Traduit avec DeepL.com (version gratuite)